L'air chaud du désert et un concert de klaxons de voitures et d'appels à la prière accueillent Adi et Martin lorsqu'ils atterrissent au Caire. Ils n'ont toutefois pas le temps d'explorer cette mégapole trépidante aujourd'hui. Même si la ville ne dort jamais, pour les pilotes, la nuit se termine à 3 heures. L'adrénaline de l'anticipation du vol autour des monuments les réveille plus efficacement qu’un café serré ne pourrait jamais le faire. Les pyramides, vieilles de plus de 4500 ans, resplendissent sous le doux soleil du matin. Après trois longues semaines de démarches pour obtenir l'autorisation de voler, Adi a du mal à croire qu’il verra tout bientôt avec Martin cette merveille du monde antique. Les deux pilotes ne perdent pas de temps et se préparent à décoller avec leurs parapentes motorisés.
Les paramoteurs pétaradent, les mousquetons cliquettent, le souffle du vent est idéal. Trois pas font décoller Martin et Adi dans une dimension surréaliste, loin de l'agitation bruyante de la ville. Adi comprend vraiment la puissance dégagée par ces monuments au moment où il les voit à travers son objectif. Ils font le tour des pyramides alors qu'il se demande s'il est encore possible de faire mieux que ces images-là. Le lendemain matin, il se rend compte que c'est tout à fait possible. Un épais brouillard enveloppe les pyramides. Le soleil levant le transforme lentement en un voile mystérieux lorsque les pilotes s'élancent dans les airs. Une mer de nuages irréelle se forme, d'où émergent les sommets de l’une des sept merveilles du monde. Tout cela est-il encore réel ?
Les impressions laissées par ces expériences spectaculaires éveillent l'esprit de découverte d'Adi et Martin. Inspirés par leur enthousiasme, ils commencent le soir même à échafauder de nouveaux plans : un voyage d'aventure à travers les vastes déserts, loin de la foule. Pour cela, ils reviennent déjà un mois plus tard. Avec leur guide et leur Land Rover, ils s'enfoncent à chaque kilomètre dans le silence assourdissant du désert et laissent derrière eux les routes asphaltées. Alors que le soleil se lève, ils atteignent les monolithes du désert blanc. Avec leurs paramoteurs, ils décollent directement entre ces formations de roche calcaire blanche. C'est comme s'il avait neigé dans le désert, tant ces formations sont blanches. Ils prennent vraiment conscience de la diversité de la nature égyptienne lorsqu'ils volent à basse altitude à travers le paysage désertique façonné par le vent et le temps, qui était encore le fond de la mer il y a plusieurs millions d’années.
Le soir, Martin et Adi sont assis avec leur guide Tamer autour d'un feu de camp en dégustant du thé à la menthe et un ragoût. Pour leur voyage de cinq jours à travers le désert, ils n'ont acheté que le strict nécessaire dans l'oasis de Bahariya, car les deux pilotes n'ont pas refait le voyage en Egypte pour vivre le luxe des grands hôtels. Chaque nuit, les trois hommes dressent leur modeste campement dans un endroit différent et désert, où seule la nature a laissé son empreinte. Dans cet isolement total, ils sont témoins d'un phénomène que la région n'a plus connu depuis dix ans : la pluie !! Adi et Tamer rient d'incrédulité lorsque Martin se demande si c'est bien une goutte de pluie qu'il vient de recevoir. Une demi-heure plus tard, ils se retrouvent complètement trempés au milieu du désert, dans l'obscurité totale, sous le ciel étoilé le plus clair qu'Adi n’ait jamais vu. Cette pluie exceptionnelle a lavé toute la poussière de l'air.
Les contrastes de l'Égypte ne déçoivent pas. Le pays peut être bruyant. Et d'un silence de mort. À plus de 100 km au nord du désert blanc, après des milliers d'années d'activité volcanique, s'est formé le désert noir, qui doit son nom à ses restes de lave noire. C'est un endroit exigeant pour voler et surtout pour décoller. La roche de lave volcanique aux arêtes vives du terrain escarpé est vouée à accrocher et à déchirer les fines suspentes au décollage. Personne ne veut se vacher ici. Les deux pilotes profitent alors de leur longue expérience alpine et s'intègrent donc silencieusement dans le calme du désert noir, qui leur rappelle plutôt la surface de Mars.
Ils sont d'abord venus pour les pyramides puis sont revenus pour le désert. A leur retour dans l'oasis de Bahariya, qui compte plus de 30 000 habitants, Adi et Martin se rendent compte une fois de plus à quel point le pays peut être contrasté. Autour de dattes et de sources chaudes au milieu du vaste paysage désertique, Adi et Martin passent en revue leurs expériences des cinq derniers jours. Une aventure passionnante, pleine de merveilles naturelles, dont Adi n'aurait pas osé rêver si belle dans son enfance.
Adi vole en parapente et en delta depuis le début des années 1990. Depuis on peut fréquemment croiser ce photographe et réalisateur de films en l’air avec son paramoteur.
Martin est un pilote de parapente passionné depuis plus de 30 ans et aime l'aventure. La soif de nouveauté et d'inconnu le pousse toujours à chercher l'aventure, aussi lointaine soit-elle. Il n'est jamais à court d'idées.