Pour Nathalie et Alain Antognelli la vie c’est une aventure – que ce soit en kayak au Groenland, en deltaplane en Afrique du Sud ou en parapente au-dessus des chutes de Victoria au Zimbabwe. Depuis des années, le couple de photographes monégasques voyage dans le monde entier et publie leurs aventures dans des magazines de voyages. Pendant l’été 2016, alors qu’ils faisaient du vélo en Iran, le genou d’Alain a soudainement perdu la bataille et a lâché, ce qui les a contraints à abandoner leur projet originel - d’aller en kayak de Monaco en Grèce; puis en vélo jusqu’en Mongolie.
“Simplement abandoner n’aurait pas été notre genre”, explique Alain. Alors ils ont gardé un esprit ouvert face à cette nouvelle situation et ils ont repris la route deux années plus tard. Le but final était le même, mais en suivant un itinéraire différent, et surtout, un véhicule différent! A savoir leur vieux Toyota Land Cruiser, spécialement ressorti de sa retraite. En tant que parapentiste depuis les origines, Alain a immédiatement vu le potentiel du changement de leur projet originel. Même après une longue pause dans sa pratique du vol (il a maintenant 59 ans) il n’avait pas du tout perdu son enthousiasme pour voler. Pourquoi ne pas emporter un parapente et profiter du voyage à vol d’oiseau? Nathalie pourrait le suivre sur la route. Mais y aurait-il assez de place dans le Land Cruiser plein à ras-bord pour un gros sac de parapente couleur fluo? Nathalie a répondu oui. Les temps ont changé “un matériel complètement fonctionnel ne pesant plus que 8 kilos, c’était quelque chose qu’Alain ne pouvait tout simplement pas refuser”, se souvient-elle avec un sourire.
Pour sa reprise de pratique, Alain a volé avec sa nouvelle aile sur ses sites familiers comme l’Italie et la Grèce. C‘est en Turquie qu’il a rencontré un premier rappel des problèmes qui peuvent arriver quand on vole seul dans un nouveau site. Avec Nathalie, il est allé sur une montagne isolée. Au sommet, les conditions étaient parfaites et Alain était rapidement prêt à décoller. Mais soudain le vent a forci si rapidement qu’en moins d’une minute il n’était plus question de voler. Alain a tout juste eu le temps de mettre sa voile en boule - avec l’aide de Nathalie. Alain s’est rendu compte : “En parapente, il faut tout prendre en considération et toujours garder un oeil sur son environnement – en permanence. Savoir rester humble et garder des sens affûtés est essentiel”.
Ce fut vraiment excitant en Iran. Cet immense pays a développé un milieu du vol très organisé, et les pilotes étrangers sont chaleureusement accueillis. “L’hospitalité et la convivialité des locaux sont incroyables”, se souvient Alain. “Et il y a plein de possibilités de vol : cela va du Hike & Fly dans les vertes étendues autour de la mer Caspienne, jusqu’aux longs vols de distance à des altitudes jusqu’à 6,000 mètres dans les paysages désertiques du Kermanshah. C’est là qu’Alain a eu une nouvelle expérience mémorable de vol. Il était parti pour un vol de distance avec un groupe de pilotes iraniens pleins d’enthousiasme. Les conditions thermiques étaient fortes et la progression était rapide. Après environ 50 kms Alain a soudainement subi une grosse fermeture qui s’est rouverte rapidement, avec un gros “bang”. Sa XI continuait de voler, mais Alain ne sentait plus rien au bout de son frein droit : la poignée qu’il avait dans sa main n’était plus rattachée à rien! Que faire désormais, au milieu des thermiques les plus puissants du désert sous une rue de nuages à 3.500 m? Alain a décidé de contrôler son aile droite avec l’élévateur arrière droit et il a plané jusqu’au sol, où Nathalie l’a retrouvé grâce à sa trace satellite. Après son atterrissage, Alain a inspecté sa suspente de frein et il a conclu qu’elle avait dû être coupée par un caillou pointu au décollage, et qu’elle n’avait pas résisté au choc de la ré-ouverture. Ses compagnons de vol ont atteint 200 kilomètres ce jour-là.
Après le voyage depuis l’Iran, le vent et de violents orages en Asie Centrale ont empêché Alain de voler. Il n’a pu se retrouver en l’air avec des pilotes locaux que près de Dushanbé, la capitale du Tajikistan. Il a pu faire un nouveau vol au-dessus du lac isolé de Sol-Kul au Kyrgyzstan. Là, au bord du lac, Alain et Nathalie ont ensuite été invités par les locaux dans une yourte. Ce fut une nouvelle expérience mémorable pour tous les deux, et une expérience convaincante de l’énorme hospitalité dont ils profitaient partout. Près d’Almaty, la capitale du Kazakhstan, Alain a trouvé des conditions merveilleuses de vol de distance, même pour une fin d’automne. Le couple a atteint la Mongolie à l’arrivée de l’hiver. Durant les cinq mois de leur voyage à travers dix pays, ils ont rencontré une incroyable diversité de paysages et ont laissé derrière eux des étendues sans fin de vide. Nathalie et Alain qui étaient déjà des “Amateurs de Vastes Espaces”, en ont certainement eu pour leur argent au cours de ce périple. Les nombreux contacts avec les habitants ont constitué la partie la plus séduisante de leur aventure. Par-dessus tout, c’est l’hospitalité des pilotes locaux et leur propension à les aider qui les a impressionnés, encore et encore.
Pour mieux apprendre à connaître la culture mongole et pour être en mesure de profiter de bonnes conditions de vol au printemps, ils ont décidé de passer l’hiver dans ce pays : dans une yourte mongole, ensemble avec les locaux.
Le couple de photographes monégasques Nathalie et Alain Antognelli a voyagé dans des parties du monde reculées pendant 30 ans. Leur spécialité : les documentaires photos de la nature, comme par exemple un reportage sur une famille du Groenland. Alain a également été un parapentiste depuis les origines.