La blancheur rayonne. Cela attire le regard, à côté du bleu, un bleu de mer clair et brillant. Et puis il y a le vert. Pas un vert ordinaire, mais un vert lumineux et profond. Trois couleurs, un contraste tricolore parfait. Cela décrit exactement le paysage de carte postale du littoral Jurassique de l’Angleterre. Les falaises d’un blanc de neige sans défaut leur ont jeté un sort, entre le bleu profond de la mer en bas et les vertes prairies luxuriantes au-dessus. Ce n’est pas étonnant que Adi Geisegger ait été depuis longtemps fasciné par cette photo, et le désir de découvrir en parapente ce paysage de couleurs contrastées du sud de l’Angleterre a pris naissance.
La côte Jurassique occupe une partie du littoral du sud de l’Angleterre et s’étend sur environ 150 km. Ses recherches montraient clairement qu’on peut voler le long de cette côte. Mais le vol est généralement limité à une petite section. Adi en voulait davantage, il voulait survoler l’ensemble de ces falaises blanches parfaitement découpées et aller là où le mur de craie est le plus impressionnant – précisément comme sur le paysage de carte postale. Exactement l’image qui l’avait tellement impressionné.« Quand j’ai parlé de mon idée à ma compagne de vol de longue date Mélanie Weber, elle n’était pas vraiment convaincue : la météo anglaise est tellement peu fiable. Que faire s’il ne fait que pleuvoir et qu’on ne peut pas du tout décoller? » « Si tu n’essaies pas, tu n’arrives à rien », fut la réponse d’Adi, et donc le projet commença à prendre forme. Par chance, j’ai fait la connaissance de Jack Pimblett. Le jeune pilote d’acro plein d’avenir a tout de suite été partant.
Ils ont tous les trois attendu une fenêtre météo favorable, et ont quitté l’Allemagne pour l’Angleterre. Quand ils sont arrivés là-bas, la pluie tambourinait sur le toit de la voiture. La prétendue fenêtre météo apportait en fait un temps typiquement britannique. « Est-ce que Mélanie aurait eu raison? » Les pensées d’Adi tournaient autour de la dernière annonce météo – qui disait que le temps s’améliorait le lendemain matin. Seulement ça n’en avait pas vraiment l’air à ce moment. « J’espère que les météorologues ne se trompent pas » – pensa Adi juste avant de plonger dans le sommeil. Le réveil sonna tôt le lendemain matin. « En me réveillant, je tendis l’oreille, m’attendant à entendre la pluie, mais il ne pleuvait pas. », se souvient Adi.
Moins de deux heures après la sonnerie du réveil, ils étendaient leurs voiles sur le sol. Le vent était parfait, les conditions idéales pour du soaring au-dessus des célèbres falaises de craie. La côte Jurassique était une chose d’une incroyable beauté. Là-haut, suspendus dans la bande de courant ascendant, ils se considéraient comme plus que privilégiés. « Glücklich’ » est l’adjectif qui le décrit le mieux; un mélange de bonheur et de chance. La bonne fortune les avait récompensés. Le voeu, formé des années auparavant devant ce paysage de carte postale, avait enfin été exaucé. « À nouveau j’étais face à ce contraste parfait entre le bleu de la mer, le blanc de la craie et le vert de la prairie. Mais cette fois-ci je profitais de la scène de mes propres yeux, et je prenais mes propres photos. »
Melanie, Jack et Adi ont décollé du site de déco habituel, et se sont rapidement aventurés bien loin de là. Plus ils s’en éloignaient, plus leur niveau de sensibilité montait. La repose au déco était la seule option. En dessous, il n’y avait que la mer le long des falaises abruptes. « Je n’étais que modérément inquiet du côté engagé du vol. En même temps, c’était incroyablement beau de voler le long de ces flancs de falaises blanches. On était complètement seuls. » dit Mélanie. « Je ne sais pas si un pilote n’a jamais volé si longtemps et si loin le long de ces falaises de craie. J’en savourais chaque instant. C’est fou ce que la nature peut vous apporter. Ce n’est pas sans raison que ces falaises d’un blanc rayonnant sont classées au patrimoine mondial naturel de l’UNESCO. » dit Jack.
Ils se sont posés à temps pour un second petit déjeuner, et ils ont considéré rétrospectivement leur merveilleux vol de soaring. Ils étaient ravis que la météo anglaise leur ait offert l’occasion de contempler les falaises pendant si longtemps et d’aussi près.
Dans la soirée s’est présentée une nouvelle chance de prendre l’air. Ce coup-ci, il n’y avait pas de vent, mais heureusement le trio avait emporté leurs moteurs avec eux. Parfait pour faire tous ensemble un vol motorisé au coucher du soleil. Ils en ont profité, sans se soucier des régimes de vent ou des thermiques. Ils ont à nouveau volé le long des blanches falaises, et maintenant avec l’aide du moteur, ils étaient moins inquiets du risque de descente, si bien qu’ils découvraient à nouveau le paysage. Le soleil couchant baignait la scène d’un faisceau de lumière rouge, jaune et orange. Ils se sont posés au dernier rayon de soleil, en ayant savouré une journée entière de vols merveilleux.
Jack vole depuis l’âge de trois ans, quand son père l’a emmené pour la première fois. Depuis il a atteint le « top ten » des coupes du monde d’Acro et a volé en parapente partout dans le monde. Quand il n’est pas en l’air, il partage ses expériences comme moniteur et formateur de stages SIV.
Melanie a découvert le parapente il y a sept ans. En tant que pilote de Marche & Vol, de paramoteur et de vol de distance, elle aime explorer de nouveaux domaines de vol, et s’est ainsi retrouvée dans ce voyage de découverte.
Adi vole en parapente et en delta depuis le début des années 1990. Depuis on peut fréquemment croiser ce photographe et réalisateur de films en l’air avec son paramoteur.